Frais d'avocat : à mort le taux horaire, vive le forfait!
L'avocat vit des temps difficiles. Le voilà bousculé par les legals startup qui proposent (les vilaines...) des prestations que, il y a quelques années encore, seuls les avocats étaient en mesure d'offrir... à des prix souvent prohibitifs. Mais voilà, l’ère de la technologie vient balayer un modèle économique poussiéreux mais profondément ancré dans les mentalités : l’avocat est cher ou il n’est pas. Il semblerait cependant que face à l’invasion des barbares, nous soyons de plus en plus menacés d’extinction… Alors trépasser ou s’adapter ? S’adapter bien sûr ! A mort le taux horaire…
La profession d’avocat est très curieuse. Il faut vivre dans ce milieu pour comprendre sa profonde inadaptation à certains milieux économiques, comme la « nouvelle économie », celle, notamment des nouvelles technologies, de la start-up. Mais nous bénéficions, croyez-le, de circonstances atténuantes. Tout petit déjà le bébé étudiant en droit est nourrit aux mamelles du juridique. Telle une oie gavée pour donner un merveilleux foie gras, il est gavé de droit. Du droit civil, du droit commercial, du droit fiscal, du droit administratif, du droit pénal, bref… Son régime de base est celui du droit. Et cela dure 5 ans. Puis vient le moment de sortir du nid. Le petit juriste est alors paré de son duvet d’étudiant et doit se muer, par exemple, en fier et bellâtre élève-avocat. Examen d’entrée en poche, il rentre alors dans une de nos belles écoles d’avocats pour être nourri encore environ deux années supplémentaires. De droit exclusivement !
Et quand il a accumulé un substrat juridique suffisant, maman CNB le lâche en pleine nature pour se confronter au monde extérieur, hostile et si peu compréhensif vis à vis de lui.
Paré pour se confronter aux clients et nourrir à son tour les autres (le fisc, les URSSAF etc…), le jeune avocat procède alors par étape : il loue un bureau, colle sa plaque contre un mur et… attend le client…
Point de business plan, de stratégie de communication, de démarche marketing. Non. L'avocat n'est pas formé à la gestion d'entreprise : c'est un juriste. Dans la majorité des cas, un excellent juriste. Mais certainement pas un entrepreneur dans l'âme.
L’avocat qui n’est pourtant, en théorie qu’un chef d'entreprise comme un autre est un handicapé du business. Heureux les confrères au double cursus école de commerce/école des avocats. Ceux-là savent bâtir les connexions entre le monde économique et l’exigence de sécurité juridique. Mais ils constituent les troupes commandos de notre profession, les Indiana Jones du droit, bref, l'exception. Qu’il est dur d’identifier des besoins de « consommateur de droit » (je viens de dire un gros mot en langage d’avocat), qu’il est dur de s’accepter comme un commerçant du droit (et là je viens à l’instant d’être radié de mon Ordre…) tout en prêchant l’absence d’incompatibilité avec nos règles déontologiques.
Le taux horaire est une connerie sans nom que les Start-Up, les PME et TPE ne comprennent pas et ne veulent pas ! Il est idiot de former les avocats à utiliser un outil en totale inadéquation avec les aspirations des clients. Savoir combien coûte le fonctionnement du cabinet, quelles sont ses charges, à quel niveau se situe son taux de rentabilité… bref, utiliser les mêmes outils que nos propres clientèles pour fixer nos honoraires. Voilà sans doute la marche à suivre pour renouer le dialogue avec elles et faire en sorte qu’elles ne se détournent pas de nous. Pour échanger avec quelqu'un, encore faut-il savoir parler sa langue non?
Un des paliaifs au taux horaire pourrait-il consister à mettre en place des abonnements adaptés aux besoins de ses clients afin par exemple de bannir la relation de type "one shot" pour instaurer la réccurence du recours à l'avocat. La normalisation du recours à l'avocat. L'introduction de l'avocat dans la famille de l'entreprise en somme!
Tiens, en voilà une idée ! Et si on appelait ça GetAvocat… ?