Pourquoi Netflix ne prend pas le public français en otage

Pourquoi Netflix ne prend pas le public français en otage



On a coutume de dire que tout ce qui est excessif est insignifiant. Force est de constater que certains propos entendus du côté de la Croisette sont en ce moment, particulièrement insignifiants tant les excès sémantiques s'abattent sur le géant américain du Streaming... qui ne mérite pas ça!

 
Grâce à Netlix, la Palm d'Or, vous pourrez la voir gratuitement!

Le plus grand pavé à jeter dans la marre des détracteurs de Netflix, on le trouve tout simplement en parcourant les conditions générales d'utilisation de Netflix. Et on découvre très vite, à l'article 2.1 ceci : "Votre abonnement à Netflix peut débuter par un essai gratuit. La période d'essai gratuit dure un mois, sauf disposition contraire lors de l'inscription, et est destinée à permettre aux nouveaux membres et à certains anciens membres d'essayer le service.".

Si on fait l'exégèse de cette disposition, on peut donc considérer que face à l'industrie du cinéma qui réclame aujourd'hui environ 10€ pour pouvoir poser ses fesses dans une salle obscure, Netflix vous offre la possibilité - raisonnement par l'absurde, je le concède bien volontiers, mais étayé - de voir ce fameux film potentiellement "palmé" gratuitement...

Mais à supposer que vous preniez un abonnement, on vous demanderait moins que le prix d'une place de cinéma, soit 7,99€ pour pouvoir non pas visualiser un film, mais des milliers de films, de documentaires, de dessins animés, de séries... Et l'article 3.3 des conditions générales du diffuseur de contenus prévoit très clairement la possibilité de résilier votre abonnement à la fin de chaque mois : "Vous pouvez résilier votre abonnement Netflix à tout moment et vous continuerez d'avoir accès au service jusqu'à la fin de votre période de facturation mensuelle"

On a connu des otages plus contraints non?...



Affirmer que Netflix prend en otage le public français, c'est donc se moquer du monde.

Affirmer que Netflix prend en otage le public français, c'est donc se moquer du monde. Si en France un public est pris en otage, c'est celui des salles obscures qui conduisent des familles aux revenus modestes à renoncer à des sorties au cinéma en famille incapables de dépenser plus de 30€ pour 4 places de cinéma pour un couple avec deux enfants, sans rajouter les éventuelles sucreries qu'on souhaiterait offrir à ses bambins et dont les tarifs sont un pur scandale pour un spectacle qui se veut relever de l'art populaire.

Au delà de la polémique ponctuelle du festival de Cannes, c'est la question de la pertinence de la licence globale  qui se pose à la France. Les Français aiment le cinéma. L'ambiance d'une salle de cinéma, le verre ou le restau qu'on programme entre amis avant ou après constitue un loisir apprécié. Mais il y a aussi tous ces films "à voir à la télé" comme on dit. Ceux qui ne justifient pas qu'on dépense 11€ par place pour aller les voir. 

Netflix, par son succès, démontre que le public est mûr pour le paiement d'une somme mensuelle pour acceder à un catalogue de contenus énorme à consommer à la demande. La société américaine propose même de bénéficier de l'option multi-écrans, permettant aux membres d'une même famille de bénéficier d'un accès simultané au contenus proposés sur des écrans différents.



Netflix, c'est avant tout un très beau succès technologique

Bref, l'offre technologique répond à une demande du public. Netflix, c'est avant tout un très beau succès technologique : simple, pratique et ludique. Finalement, la polémique qui se noue aujourd'hui entre Netflix et Cannes relève du même ADN que celui de la confrontation entre VTC et Taxis, entre avocats et Legal Start Up, entre Hôteliers et Airbnb : c'est le combat de l'ordre établi contre la disruption, parfois brutale.

On peut donc critiquer Netflix. Mais de grâce, qu'on oublie pas que derrière l'entité, comme dans tous les cas de dirsruption cités plus haut, il y a une réponse satisfaisante apportée à une demande du public qu'on a trop longtemps pris pour un pigeon captif.

Netflix, en somme, c'est un coup de pied au cul sans doute justifié à ceux qui ont trop longtemps cru pouvoir imposer un modèle unique de diffusion de contenus culturels populaires. A eux désormais de réagir... intelligemment!