Qui veut la peau de TESLA?
« Tesla perd 6500$ par minute », «Les actionnaires de Tesla pourraient virer Elon Musk », « La bulle Tesla proche de l’explosion »… ceux qui suivent l’actualité de la marque américaine n’ont pas pu éviter de remarquer les titres alarmants semblant tomber comme une avalanche de mauvaises nouvelles sur TESLA. A tel point d’ailleurs que lorsqu’on prend le temps de replacer ces gros titres dans le contexte d’électrification des gammes des constructeurs généralistes, on en viendrait presque à devenir paranoïaque. Et si on cherchait à abattre TESLA, concurrent potentiellement dangereux pour les constructeurs historiques ?...
Je ne suis pas journaliste. Et je ne possède pas de TESLA. Je suis simplement avocat et passionné de technologies innovantes. Et je dois même le confesser, l’aventure TESLA, si elle me fascine, m’a toujours laissé songeur quant à la pérennité de l’aventure au regard du chantier monstrueux initié par Elon Musk et ses équipes. Un constat objectif s’impose cependant d’emblée : oui, TESLA a réussit en très peu de temps à construire un écosystème efficace et performant, à l’image de ses produits. Qu’il s’agisse des diverses versions de la Model S, du model X ou même de la très attendue Model 3, ces véhicules sont réussis et n’en déplaise aux rageux : ils roulent ! Et bien encore !
Les constructeurs traditionnels qui n’ont jamais été capables de proposer en guise de voiture électrique au grand public autre chose que des caisses à savons affreuses disposant d’une autonomie relevant de la blague ont d’abord pris de haut Elon Musk.
C’était cependant sans compter avec l’évolution de la prise en compte des préoccupations écologiques mondiales. On laissera de côté les développements relatifs à l’empreinte carbone réelle de la production des véhicules électriques, je n’ai pas la prétention d’aborder un sujet sur lequel je n’ai aucune compétence. Mais comment passer sous silence les accords majeurs concernant le climat ces dernières années, au premier rang desquels l’accord de Paris du 12.12.2015 ?
Si dans les faits la traduction concrète des intentions prendra sûrement du temps, il est acquis que les mentalités ont changé. Et le véhicule électrique qui n’était pas une option envisageable à grande échelle en devient une.
"d’ici à 20 ans, le paysage automobile aura radicalement changé au profit du véhicule électrique"
Les passionnés d’automobiles constatent ainsi que les derniers salons automobiles faisant la part belle aux véhicules électriques se multiplient. Les constructeurs généralistes ont tous dans leur calendrier la planification de l’hybridation de leurs gammes et même pour les plus ambitieux, l’électrification de celles-ci.
Même les marques de prestiges les plus sportives l’annoncent. On peut donc raisonnablement penser que d’ici à 20 ans, le paysage automobile aura radicalement changé au profit du véhicule électrique.
Et à ce stade un constat s’impose : si TESLA semble être en retard sur la production de son Model 3, en revanche TESLA est très en avance sur l’implantation de bornes de chargement rapide à travers les principaux continents où se trouvent les clients potentiels avec ce qu’ils appellent leur réseau de « Super Chargeurs ».
On sait que l’un des principaux freins à l’adoption de l’électrique par le grand public est l’autonomie du véhicule électrique mais également le temps requis pour le recharger. Force est de constater que TESLA répond aujourd’hui de manière efficace à ces problématiques.
Tout possesseur de TESLA peut par exemple évoluer en France presque comme s'il roulait en véhicule thermique. Prétendre le contraire, c’est faire preuve soit de manque d’informations, soit… vouloir nuire à TESLA intentionnellement.
"En réalité TESLA touche au but..."
S’il ne faut pas basculer dans la pathologie complotiste aussi ridicule que sans fondement, il n’est en revanche pas exclu de songer aux guerres commerciales sans merci qui animent les milieux industriels au premier rang desquels on peut citer le monde de l’industrie automobile. S’il fallait s’en convaincre, songez au scandale des moteurs diesels truqués pour passer les normes anti-pollution et bénéficier d’arguments commerciaux trompeurs auprès du public.
Si les constructeurs mondiaux sont capables de faire cela, pourquoi ne seraient-ils pas en mesure de mettre en œuvre les lobbies requis pour faire tomber TESLA, ou pour les plus rigoureux, accélérer sa chute si ses difficultés sont réellement si importantes ?
En réalité TESLA touche au but et devient menaçant. Avec toutes les qualités qui sont les leurs, la Model S et la Model X ne représentaient pas une réelle menace, notamment en raison de leur prix toujours très élevé les destinant à un public de passionnés aisés, prêt à composer avec certaines contraintes.
Une communauté TESLA fidèle est active.
Oui mais voilà. Ces « early adopters » comme on dit se sont emparés de TESLA et en ont fait une marque culte, comme Apple l’est devenu en quelques décennies.
On ne compte plus les forums, les clubs, les chats où les propriétaires se retrouvent, échangent leurs bons tuyaux, leurs idées, leurs galères parfois. Une véritable communauté de pionniers s’est créée autour de TESLA. Le sentiment justifié de redevenir sur ces routes du quotidien Ô combien banales, les néo-défricheurs de l’automobile les anime comme au temps de la course Paris-Rouen, première compétition automobile de l’histoire de « voitures sans chevaux » qui se déroula en juillet 1894. Certes dans des conditions de sécurité et de confort incomparables avec aujourd'hui, mais avec une émotion et une découverte de quelque chose de réellement révolutionnaire : l'adoption crédible d'une énergie de substitution pour se déplacer sur de longues distances.
Comment ne pas rappeler à ce stade que les premières voitures furent électriques au 19ème siècle…
Oui TESLA touche au but car voilà que se profile un modèle susceptible de toucher cette fois un public bien plus large qui mordra très largement sur les parts de marché des constructeurs historiques. Annoncée à 35000$ au Etats-Unis, la Model 3 s’inscrit dans les standards de prix américains et européens des modèles constituant souvent des poumons économiques de milieu de gamme… Et alors que les modèles électriques équivalents des concurrents ne sont pas prêts, alors, surtout, que l’écosystème des chargeurs rapides dédiés (point cardinal d’une politique d’électrification viable d’une gamme automobile) n’existe tout simplement pas à l’heure où sont rédigées ces lignes, TESLA, malgré ses galères bien réelles, avance quand même vers des livraisons de masse.
Information ou campagne de dénigrement délibérée?
Alors oui. Je m’interroge quand je vois l’énergie développée par certains médias pour dénigrer TESLA. Car il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte qu’on a franchit ces derniers temps la frontière de l’information pour atteindre le territoire assez subtil du lobbying anti-TESLA. Et si je me trompe, dieu que cela y ressemble fort...
Blomberg, pour ne citer que cet exemple, va ainsi jusqu'à concevoir (!!!) et publier un outil permettant de calculer le cash prétendument perdu par TESLA chaque minute ! Pourquoi se donner tant de mal ? Suffisamment en tout cas pour nourrir une suspicion légitime sur les motivations réelles de ce qui ressemble furieusement à un véritable travail de sape.
A chacun de se faire une idée.
Mais si certains journalistes d’investigation s’intéressaient également aux intérêts financiers en jeu derrière cette curieuse « campagne de presse ciblée » confinant au « TESLA bashing » en enquêtant par exemple sur le poids représenté par les marques automobiles dans les budgets publicitaires des journaux les plus virulents ou l’éventuelle participation directe ou indirecte à certains médias de certaines marques automobiles, via d’hypothétiques holdings, on découvrirait alors peut-être certaines informations intéressantes. Ou pas… Mais au moins serait-on fixé. Le sujet ne semble pas dénué d'intérêt.
En attendant l’aventure se poursuit pour TESLA et on est sûr d’une seule chose qu’on ne pourra jamais retirer à la marque : quelque soit le sort que lui réserve le futur, elle restera à jamais la marque qui a fait sortir le véhicule électrique de l’anecdote pour le faire entrer dans le grand livre de l’histoire automobile grand public.
Elon Musk le sait-il ? Il a déjà remporté son pari…